Médiation thérapeutique corporelle au service du soin psychique
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Proposer une médiation corporelle dans le traitement psychique d’une personne, c’est lui permettre de mobiliser son corps afin d’obtenir une diminution de ses tensions psychiques et de ses difficultés d’ordre psychologique.
Il existe plusieurs manières de lui permettre de mobiliser son corps.
La personne peut être invitée à vivre des situations dans lesquelles :
- elle exercera diverses habiletés et postures et se mettra en mouvement,
- elle s'engagera dans un espace de jeu afin d’exprimer ses conflits, ses sentiments, ses désirs et mettra en scène ses diverses façons d’entrer en relation,
- elle sera attentive à ses sensations et émotions, grâce à diverses techniques de respiration et de relaxation, éprouvant ainsi un mieux être interne
- elle entrera en contact physique avec le thérapeute grâce à différentes méthodes telles qu'enveloppements, massages ou thérapies dans l'eau afin d'éprouver les limites et la consistance interne de son corps
- elle explorera la rencontre avec un médiateur tel que le cheval (équithérapie), le modelage, la peinture (art-thérapie), le chant (thérapie vocale), ou la réalisation d'objets, support de remaniements affectifs profonds
- ou sera confrontée aux représentations qu'elle se fait d’elle-même, afin d'améliorer significativement celles-ci.
Dans la plupart des cas, deux au moins de ces diverses possibilités : mouvement, expression, intériorisation, détente et représentation de soi se compléteront et s’enrichiront.
Les diverses techniques corporelles, si elles sont correctement choisies par le professionnel et justement adaptées à un patient donné, sont toujours bienfaisantes. Elles apportent un relâchement, plus de souplesse et davantage d’aisance.
Elles contribuent à la diminution des manifestations d’angoisse et aident la personne à intervenir positivement sur certains symptômes phobiques au moment de leur déclenchement, comme dans les « attaques de panique » par exemple.
Elles participent à une meilleure connaissance de soi, renforcent les assises narcissiques et remanient les images du corps.
En levant les inhibitions, elles libèrent les potentialités cognitives, relationnelles et sociales et stimulent la créativité.
Elles peuvent jouer sur la stabilisation de l’humeur en agissant sur les manifestations de l’agitation. Elles auront dans ce cas un impact sur les capacités de concentration.
Toute thérapie psychomotrice permet au patient – enfant, adolescent ou adulte - d’engager l’ensemble de sa personnalité dans le processus de soin en prenant appui sur la relation singulière avec son thérapeute.
Sa dynamique psychique s’en trouvera inévitablement vivifiée.
Grâce à la satisfaction éprouvée, ou à cause des difficultés ou angoisses rencontrées lors de ces pratiques corporelles, toute une mobilisation émotionnelle et affective sera suscitée. Si celle-ci est la base d’une écoute active de la part du thérapeute, elle entraînera pour le patient un remaniement de ses divers investissements et de sa manière d’être au monde.
A ce titre et définie comme telle, la thérapie psychomotrice est déjà une amorce de psychothérapie.
Si de plus, le thérapeute a une expérience et une formation psychothérapeutique et/ou psychanalytique personnelle, il sera en mesure de soutenir le patient vers une élaboration de cette expérience corporelle, émotionnelle et psychique.
Il encouragera la prise de parole du patient afin que celui-ci puisse exprimer et décrire ses divers éprouvés.
Et prenant appui sur ce vécu pluriel, il l’amènera sur les chemins d’une compréhension plus intime et profonde de lui-même et sur les voies de la symbolisation.
Il permettra au patient d’avoir accès à sa vie fantasmatique et imaginaire et ils découvriront ensemble les régions inconscientes qui sont toujours visitées lorsque le corps est en jeu.
La relation thérapeutique se déroulera alors autour de l’axe transférentiel qui oriente l’ensemble du processus et supporte les projections affectives du patient.
Dans ce cas, un nouveau champ est ouvert : celui des psychothérapies à médiations corporelles.
Lorsque le référent théorique sous-jacent est psychanalytique et que l’écoute des motions inconscientes est l’élément privilégié du traitement, c’est toute une remobilisation des bases narcissiques et des circulations libidinales du patient qui est engagée. Ses investissements objectaux s’en trouvent alors modifiés.
De nouveaux destins pulsionnels apparaissent dans ces lieux de résonnance et de dialogue entre corps et psyché, destins qui sont davantage du registre de la sublimation, et qui aident à transformer le trop-plein d’angoisse et d’excitation. L’élaboration psychique dans laquelle le sujet s’engagera alors, en son nom, par sa parole et ses prises de conscience revitalisera sa dynamique de croissance et de maturation. Il reprendra alors à son compte sa propre histoire, émaillée d'épreuves et de blessures, pour continuer, aguerri par celles-ci, son chemin de vie.
Nous sommes alors dans l’aire des thérapies psychanalytiques à médiation corporelle.